Emmanuel Péard, moniteur à la MFR de Venansault

Ancien paysan, ancien maître d’apprentissage, Emmanuel Péard est passé de l’autre côté de la formation, en devenant moniteur à la MFR de Venansault. Avec bienveillance et compréhension, il enseigne désormais aux agriculteurs de demain.

Ingénieur de formation, Emmanuel Péard a longtemps travaillé au sein de l’exploitation parentale, où il conduisait un troupeau laitier. Dans sa carrière, il a eu l’occasion d’être maître d’apprentissage de nombreux élèves de MFR. Une reconversion l’amène à devenir moniteur. Il enseigne les matières professionnelles du Bac Pro Conduite et Gestion de l’Entreprise Agricole (CGEA)

Un autre aspect du métier

Avant d’être moniteur, Emmanuel est paysan, spécialisé dans la production laitière. Dans l’exploitation familiale, il gère un troupeau laitier et un atelier de transformation, dans un système herbager et en agriculture biologique. Pendant ces années, il prend en charge des stagiaires et les accompagne dans leurs études. Quand la question d’une réorientation se pose, c’est naturellement qu’il choisit le réseau MFR. Pour lui, le système d’alternance est primordial à la bonne compréhension d’un métier. C’est sans difficulté qu’il est passé « de l’autre côté ». Aujourd’hui, l’exploitation, tenue par son frère, prospère : « La demande sociétale pour les produits biologiques et fermiers nous est favorable. »

Transmettre une sensibilité

Si Emmanuel se définit comme paysan, c’est qu’il y a derrière ce mot des valeurs et une sensibilité particulière : « Un paysan, c’est quelqu’un qui travaille la terre. Cette terre, c’est un bien commun, collectif, il faut l’entretenir à bon escient. » Cette philosophie passe par la défense de systèmes familiaux, respectueux de l’environnement, socialement développés, avec un intérêt accordé à l’échange. Dans son enseignement, loin de prôner un système idéal, Emmanuel s’efforce d’ouvrir les esprits sur les alternatives possibles pour l’avenir : « Mon rôle, c’est d’amener le jeune à réfléchir sur sa pratique. Par exemple, c’est lui demander : ‘Comment tu pourrais faire pour diminuer l’utilisation d’herbicides ?’ Peut-être que la pratique ne va pas changer, mais dans leurs têtes, la solution existe. »

Travailler avec l’élève

À terme, les élèves d’Emmanuel seront employés dans des exploitations agricoles ; pour certains, ils en seront à la tête. Le rôle d’Emmanuel est avant tout celui d’un accompagnateur et d’un soutien. Il a à cœur de montrer toutes les pistes possibles, pour que les jeunes puissent prendre des décisions réfléchies : « Il y a une demande sociétale de la part des consommateurs, ils veulent un changement des pratiques. En tant que professionnels, on doit savoir répondre à cette demande, et en tant que moniteur, j’ai un rôle à jouer dans la sensibilisation auprès des futurs agriculteurs. Si nous, on ne le fait pas, qui le fera ? » Pour approfondir cette idée, Emmanuel a pour projet de créer un Certificat de Spécialisation en bovin-lait. À la rentrée 2021, il a accueilli 8 candidats : « Il y a un intérêt majeur sur le territoire. Le fait d’ouvrir une formation va permettre de redynamiser le territoire. Dans les candidats, il y a aussi bien des projets de salariat que d’installation sur une exploitation. » Si Emmanuel n’a qu’un seul regret après sa reconversion, ce serait peut-être de ne plus être avec ses vaches…